03 janvier 2016

Caprice ?

 
Lucie de Barbuat - Simon de Brodbeck -


LE MOT DE LA SEMAINE 1(de l'atelier Mil et un) EST : CAPRICE


En ce dimanche 2 janvier, le réfrigérateur de Bartholomé, appartement 317, est complètement vide.
- Merde, le frigo est complètement vide...

Du pack de bière massif, qui aurait dû tenir jusqu'à demain, lundi, ne subsiste rien, hormis un très beau carton d'emballage orné, comme il se doit en cette saison festive, de motifs hivernaux nordiques.
- Et j'ai même plus de bières au frais, ni ailleurs, d'ailleurs...

L'heure est venu pour lui de se couvrir pour descendre en ville et se mettre en quête d'un commerce de proximité ne respectant pas la trêve dominicale.
- Bon, je vais pas y couper ; ça sent la socialisation et l’échange de devises...

Dites-moi, sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas ; je vois bien la tentative du procédé stylistique mais tout de même, avec toutes ces redondances informatives, n'avez pas peur de lasser le lecteur ?

Je me suis effectivement posé la question... Si vous avez une meilleure idée, je prends. Le problème étant qu'il s'agit de rendre l'histoire vivante avec intervention personnelle du héros. Mais j'ai aussi pas mal de trucs à dire qui vont nécessiter mon intervention directe.

En clair, vous ne savez pas trop où vous allez et, par une précaution bien compréhensible, vous souhaitez vous laisser le maximum de portes de sorties... ouvertes. 

Ah, je vois qu'on ne peut rien vous cacher ; c'est pas à vous qu'on peut la faire !

Vous êtes ivres ?

Pas du tout, désolé du quiproquo, je suis le narrateur ! Et vous ?

J'ai bien envie de vous répondre que ça ne vous regarde en rien mais, en ces temps de compassion fraternelle annuelle, je vais faire un effort ; vous pouvez m’appeler Éric, je suis le type qui écrit, ce qui, reconnaissez-le, ne vous avance en rien...

D'accord, merci pour l'info - quel caractère - bien, à propos d'avancer, je suis désolé de vous laisser un peu en plan mais j'ai une histoire à avancer et un héros qui commence à avoir soif, continuons.

C'est ça, continuez... Mais je persiste, vu le manque de légèreté du chemin qu'on prend actuellement ; ça m'est vraiment pénible d'être associé à ce fiasco...

Non, je vous assure, ça va bien se passer, si toute fois, bien entendu, chacun y met du sien ! Alors, reprenons ; mais pourquoi donc Bartholomé hésite-t-il à descendre les escaliers sur le champs ? Aurait-il peur que la petite fille, la sœur de Lolita, soit postée en surveillance, menaçant de ruiner sa tranquillité au moindre de ses mouvements ?

- Hé ! La pisseuse, tu vas pas me balancer à ta sœur, hein ?
- T'es pas gentil !
- Si. Mais tu peux pas le savoir, t'es trop petite.
- Je vais le dire à Lolita que tu te moques !
- Tu sais, vue d'ici, tu ressembles à un petit suppositoire tournant autour d'un gros trou marron caca.
- C'est pas vrai, vilain méchant, moi, je ressemble à un très joli Caprice des Dieux, moi, d'abord !
- Un caprice des dieux ...?
- Le fromage, gros nigaud tout bête. Tu vois pas que les carrés rouges et blanc du carrelage, c'est comme le papier qui entoure le fromage ?
- My fucking God mais WTF...? Oh...! Je vois, tu confonds le Caprice des Dieux avec le camembert Le Rustique. Toi alors, en plus d'avoir aucun palais, t'as vraiment aucune culture en consommation de masse !

Bien, j'arrête tout, parce que là, c'est plus possible de taper vos conneries. Nonobstant le fait que j'ai à peu près rien d'autre à faire, vous êtes dur, quand même. 

Écoutez, je supporte vos intrusions, moyennement agréables, je me permets de vous le faire remarquer, avec toute la retenue qui me caractérise, mais, c'est un peu fort de café. Vous n'avez pas le droit de m'empêcher de m'exprimer, que je sache ?

Alors, en fait, si ; j'ai un peu tous les droits, vu que c'est moi qui tiens le clavier.

Et vous, vous arrêtez tout, sur un coup de tête, sans même essayer de comprendre ?

Mais comprendre quoi, à la fin ? Vous avez une consigne des plus simple, placer le mot "caprice" en s'inspirant d'une photo où l'on voit une petite fille assise par terre et qui tient serré un nounours... On ne peut pas être plus clair que ça : c'est la petite fille qui fait un caprice, bordel ! Y'a pas besoin d'inventer des liens grotesques avec ce (délicieux) fromage à pâte moelleuse (mais sans vraiment de goût) qu'est le Caprice des Dieux, voyons !

C'est trop évident.

Trop évident ? Mais, c'est comme ça, point à la ligne.... Vous voulez participer, vous suivez les règles.

Je préfère suivre mes propres règles, si vous n'y voyez pas d'inconvénient ?

Vos propres règles ? Non mais quel toupet, quel orgueil, quelle prétention, quel casse pied (oui, j'ai été assez vulgaire comme ça !) Et ce sont quoi, ces prétendues règles ?

Y'en a un paquet, et ça, je le souhaite à personne, soyez en sûr, c'est pas tous les jours fêtes, je préfère prévenir. Mais bon, si vous y tenez, en voilà une : ne jamais se fier aux apparences et toujours chercher si il n'existe pas d'autres voix que celle, trop évidente, qui nous est fournie pré-digérée.

Je vois, nous sommes en pleine crise mystique... Et, par exemple, pour rigoler, de quelle autre évidence à scruter pouvez-vous nous gratifier ?

Les bises rien qu'aux filles, ça vous dit quoi ?

Tiens, c'est vrai qu'en y réfléchissant, je me rappelle en sixième, les premières poignées de main entre collègues de classe hommes, les premières bises aux collègues de classe filles, ça sentait un peu la discrimination. Mais bon, faut bien discriminer, pour s'y retrouver ?

Je vois... Discriminons... Et les poils sous les bras, sérieux ? C'est pas sérieux !

Les poils sous les bras ...? Ah ! Non, je maintiens, vous êtes saoul !

Bon, donnez-moi un seul argument, une seule loi scientifique (ou religieuse) pour valider cette impérieuse évidence qu'est la nécessité du rasage sous les bras.

L'hygiène n'a pas l'air d'être votre préoccupation première, à vous ?

Vous voulez dire que les hommes étant tous des porcs, on peut comprendre que des aisselles poilues soient de circonstance chez eux ?

Bha, je sais pas, l'esthétique alors ?

Vous savez qu'avec des théories pareilles, y'a moyen que ces dames finissent toutes chauves dans pas longtemps. Déjà que les poils pubiens sont en cours de disparition, ça va ressemble à quoi, la femme du futur, à un asticot ? 

Dites-moi, elles ont quand même un peu le droit de faire ce qu'elles veulent, les femmes,  de leur corps ?

Je n'ai jamais rien dit d'autre, merci ! Maintenant, la question qu'on peut se poser est :
Se pourrait-il que ce qui apparaisse au premier abord comme une évidence, c'est à dire que ma volonté n'appartienne qu'à moi, soit en fait issu d'un processus beaucoup plus complexe, fait d'influences, de partis pris, d'éducation, de préjugés etc... ?

Foutaises, elle est à moi, c'est ma volonté ! D'ailleurs, pour la peine, j'arrête d'écrire, là !
...

[caprice ?]