27 février 2016

Girl's Butt a Fly

Catherine Alexandre - clic et clic

 Atelier d'écriture Miletune

LE MOT A PLACER EST : SCENOGRAPHIE



Salut les amis,

juste un petit mot pour vous annoncer une grande nouvelle.
Voilà, vous savez toutes et tous que je fais de la musique depuis pas mal de temps. Et que, malgré tous vos encouragements et les efforts que je produisais jusque là, le milieu de la musique semblait n'avoir aucun espèce d’intérêt pour mes créations. Et bien, tout ça, c'est fini ; je sors mon premier album !
J'ai enfin fini par avoir la chance sans qui tous les talents restent cachés ; j'ai rencontré M. Morris, responsable du secteur divertissement d'un grand groupe spécialisé dans les hautes technologies (mais je ne peux vous dire lequel, rapport à une clause de confidentialité de mon contrat. M. Morris, comme son nom ne l'indique pas, ne fait pas des bédés de cowboy solitaire !)
Bref, je vous envoie la maquette pour la pochette de mon cédé, j'espère qu'elle vous plaira.
J'avoue que je ne maitrise pas grand chose mais, vu que tout me plait jusque là, je laisse faire le staff.
Et ils ont plein d'idées pour m'aider à faire de moi une vedette : la jaquette, le titre de l'album, les costumes, la scénographie de mes concerts, ils s’occupent de tout.
Je n'ai pas lu toutes les petites lignes de mon contrat, tellement je jubilais d'avoir été choisie, avant de signer. Il semble quand même qu'il y ait un article pour le moindre cas de figure qui puisse se produire entre moi, la production, la distribution, la création, la technique, les relations publiques, que sais-je !
Maintenant, toute ma vie est sous contrôle.
Mais je vais enfin vivre ma passion à fond.
Le reste, droit de regard, choix personnelles, liberté, je m'en fiche bien !
C'est d'ailleurs mon dernier courrier privé sans relecture de la part du service communication.
Enfin, j'espère qu'ils n'en saurons rien.
Car, la moindre infraction est un motif de rupture de contrat immédiat.
-> Faut vraiment que je m'attèle à sa lecture mais il est si épais...
Et puis, je sais que je ne suis que la partie visible de leur écurie d'artistes du secteur Musique Pop Romantique.
Une dizaine de fille tout aussi talentueuse que moi sont gardée "au frais", comme ils disent en riant.
Pour plusieurs raison :
  • Ne pas me faire d'ombre (leur contrat les lient elles aussi)
  • Ne pas multiplier tous les frais de production/distribution
  • Concentrer l'amour du public sur un seul artiste
  • Avoir une roue de secours si je leur claque entre les doigts (le facteur humain, ils disent)
C'est sûr que ça rigole pas trop, dans le monde du divertissement. Mais d'après eux, c'est partout pareil. Alors, à quoi bon faire la fine bouche, je vous le demande ?
Et puis, ma jaquette est trop belle avec tous ces papillons !
Je suis si heureuse,

xoxo à toutes et tous,

Valentine Butt

08 février 2016

Le Binôme

Ferdinand du Puigaudeau
Atelier Miletune - semaine 06/2016
LE MOT A PLACER EST : FAUNE



Nous étions deux, faites pour être deux, deux ou rien, programmées, évidentes. Pour toujours. Jamais l'une sans l'autre, complémentaires, fascinées. Tu étais l'artiste, imaginant des univers, des créatures, réelles ou pas. Et moi, de mon côté, j'apportais la technique, avide de matérialiser tes fantasmes, extravagants, envoûtants.
Fausses jumelles, pourquoi fausses ? Nous vivions l'une pour l'autre. Toi, tu laissais faire tes mains, uniquement concentrée sur la lumière que je t'apportais. Moi, je ne perdais pas une miette de tes ombres chinoises. Nous vivions chacune, l'une à travers l'autre, désintéressées de nous-mêmes. Ou plutôt, hypnotisées, devant ce miroir que nous étions l'une pour l'autre.
Pour Papa, d'ailleurs, nous n'avions qu'un prénom, le Binôme ; et c'était une vraie joie d'enfance, totale et chaleureuse, que de lui répondre :
    •    J'arrive !

Quand il hurlait aux pieds de l'escalier :
    •    Le Binôme, à table !


Le peu de précautions que nous mettions, pour protéger notre amour, nous valait souvent des jugements terribles. Mais nous en rions tellement, toutes les deux, le petit doigt dans la bouche, indue, de l'autre, en essayant de le prononcer, malgré l'oblong bâillon de chair, ce mot qui leur faisait horreur :
    •    Le tabou, c'est chou !

    •    Le tabou s'échoue !

    •    Il sèche où, le tabou ?

    •    Mon chou, t'es tabou !

Et nos rires étaient francs, éclatants, transparents, comme ce fin filet de salive, resté collé, à la commissure de nos lèvres. Nous étions insatiables, gourmandes à l'excès. Et il faut bien avouer que, les secrets, l'intimité, la pudeur et la honte, nous avons mis un temps fou pour enfin nous en préoccuper.
C'est en grandissant que nos papouilles commencèrent à vraiment nous jouer des tours. Et ça, toi, tu ne l'as jamais accepté. Ça te rendait folle de rage. Et, quand j'essayais de te parler de pardon, d'amour inconditionnel, fâchée, tu cherchais où les frapper.
    •    Tu sais, pour eux, nous sommes comme une douleur, une déchirure dans leurs certitudes, un Katerpilar dévastant les fragiles remparts qu'ils dressent face au néant.

    •    Des cons, sont tous des cons.

    •    Et nous, qui ne demandons qu'un peu de tolérance, n'en avons nous donc aucune pour eux ?

    •    Tu inverses le problème...

    •    Je veux dire que nous leur reprochons la même attitude que nous avons à leur égard.


Alors, tu es partie. Rejoindre la faune qui hantent les nuits de nos cités endormies.

    •    La faune ?

    •    Oui, c'est un peu fort. Mais c'est le mot à placer... Tu voulais pas que je parle de lapin, quand même ?
    •    Ceux que tu illuminais naguère, lors de nos premiers jeux nocturnes ?

    •    Ceux-là mêmes. C'est vrai qu'il n'ont pas duré longtemps... De vrais petits préliminaires !

    •    Oh, arrête, tu me tortures. Entre la nostalgie et l'envie, ma tête me fait un de ces mal au cœur...


Depuis ton départ, je parle toute seule, faisant questions et réponses, pareilles à celles qui te venaient sans cesse. J'ai compris qu'un amour qui a éclos, il a éclos à jamais. Nul ne pourra dire : « Ça ne fût » Si, ça fût ! Il est né avec nous, il  a vu le jour, c'est irrévocable. Et je suis le gardien de son souvenir. Et tant que je serai là, il me tiendra compagnie, le long du vide de mes journées grises ; me réchauffant un instant, quand le vent tourne au Nord.

    •    T'aurais pu faire un truc plus gai...

    •    Plus gay ? Difficile !

    •    Non, mais t'es trop conne, toi ! Je t'adore. Enfin, tu vois ce que je veux dire ?

    •    Du tout ! ... Ok, mais bon, c'est à cause du mot "faune" à placer, alors qu'on voit un animal sur l'image. Tu sais bien que si le mot décrit quelque chose qui est sur l'image, ce n'est plus une contrainte, mais une évidence. Je ne pourrais jamais me résoudre à la paraphrase.

    •    Je pense que tu n'utilises pas la bonne définition pour "paraphrase" ; c'est cool, la paraphrase. Google-moi celle-là, de Malherbe, sur le psaume CXLV, qui commence comme ça  :


« N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ;
Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde… »

Merci d'avoir été, mon amour.