01 août 2016

L’atome, ça tombe à pic.


Sandy Skoglund - clic 
Mil et une (atelier d'écriture)
LE MOT A PLACER EST : ETCETERA
Nous avons clairement pris des risques.
L'idée était de trouver une source d'énergie inépuisable.
Comme dans le mythe de je-sais-plus-qui, ne plus dépendre des aléas de la nature. Le contrôle absolu, quoi. Au début, ça faisait sens. Le pétrole polluait plus qu'on ne pouvait le supporter et il était sous la coupe de puissances potentiellement belliqueuses ; surtout compte tenu de leurs désirs de revanche (vu ce qu'on leur avait mis par le passé...)

Bref, l’atome tombait à pic.

On courait tous comme des abrutis, sans vraiment se préoccuper des conséquences de nos choix. Personne n'aurait osé l’affirmer publiquement, mais nous avions clairement fait acte de Foi envers la Science. La décontamination du stockage...?
- J'affirme avec confiance, je crois fermement, j'ai une Foi totale dans le fait que, un jour, la science trouvera une solution claire, sûre et définitive. Nous l’appelons l'Avènement, pour vous dire.
Et pour l'instant, prions. Que rien ne nous pète à la gueule.

Bon, ça a pété.
Et plusieurs fois.
Et une, et deux, et trois,
Et cetera.

Certes, il ne serait pas juste de dire que nous n'avons pas assez prié. Honnêtement, nous n'avons pas prié, du tout. Parce que, si la Science était devenue notre religion, il n'était pas question d'en garder tous les aspects chelous. Enfin, les aspects non scientifiques. C'était plus une fascination, à bien y réfléchir.
Et puis, nous n'avions clairement pas le temps pour ces conneries.
La solution la plus efficiente, nous l'avions vite trouvée, le couple parfait : Production/Distraction.
Alors, que ça pète ou que ça ne pète pas, c'était vraiment ni de notre ressort, ni dans nos préoccupations.

Bon, ça a pété.
Et plusieurs fois.
Et une, et deux, et trois,
Et cetera.

C'est fou, ça, je n'arrive plus à me rappeler du nombre d'accident nucléaires. L'ai-je jamais su ?
On pense que la fin est arrivée, et puis non.
On voit l'humanité perdue, et puis non. Ça repart, sans que l'on se pose trop de questions, surtout celle-là :
- Qu'est-ce qui repart ?
Pas le temps, je vous dis. Il fallait reconstruire, penser les blessures, enterrer les morts, enterrer les choses, beaucoup de chouette boulot. Et alors, pour occuper, ça occupait. J'avoue qu'on méprisait pas mal les oiseaux de malheur, ces tristes charognards qui susurraient à nos oreilles :

Bon, ça a pété.
Et plusieurs fois.
Et une, et deux, et trois,
Et cetera.

Pour chanter, ça, y'avait du monde. Mais pour faire avancer l'humanité, c'était à nous de nous coltiner tout le travail. Eux, ils étaient gris, tristes, ne pensant qu'à leur vénération pour la nature, la décroissance (sic!) et pour leurs chats. D'après ce qu'on en disait dans les médias, ils adoraient les chats, ils en avaient plein. On prétendait même que c'était les seuls être à posséder une couleur, dans leurs esprits décrépis. Vert, évidement.
Bon, je suppute en me basant sur ces "visons d'artistes" qui parcourent le net. Car en fait, ils ont disparus. Après le jenesaispluscombientième accident, il n'y eu plus d'opposant au nucléaire.
Curieux, plus personne ne chantait :

Bon, ça a pété.
Et plusieurs fois.
Et une, et deux, et trois,
Et cetera.

Et plus personne de prétendre que nous avons fait le mauvais choix.
Il n'y eu plus que :
Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/Production/Distraction/
etc.
Je faisais facilement taire la petite voix qui monte parfois, entre deux explosions. Et maintenant, je ne l'entends même plus. Si c'est pas une preuve de son inexistance.
Elle me disait, voyons, si je me souvient bien :
- Tu sais, c'est tout simple, si aucun de ces "incidents" ne peut mettre un frein définitif à l’aventure humaine, c'est tout bonnement parce qu'en fait, la Vie, ça fait bien longtemps qu'elle nous a quitté.

N'importe quoi...
Alors, pour rigoler, avec les potes, on aime bien picoler en hurlant :

«Bon, ça a pétéééééééé !

Et plusieurs fois.

Et une, et deux, et trois,

Et ceteraaaaaaaaaa !»