20 octobre 2016

Ceci n'est qu'une île


Chaque matin, au réveil redondant,
Sur une plage, aveuglé, je m'échoue

Chaque jour, le voyage tourne court
Et je rampe, au lever, embrumé, sur le sable

Quelques restes salés de la nuit sur le corps
Quelques rêves de varech aux sirènes mélangés

Tant de fantômes insensés piégés entre deux eaux
Tant d’innommables peuplent ces fonds abyssaux

Devant moi, si j’arrive à m'y traîner, par delà ce désert
La promesse d’un refuge, d’une jungle vivace

Que sous les futées s’apaise enfin ce soleil implacable
Qui ne sait que brûler, se plait à m'écraser

Et tous les jours je revis cette fable
Le même échouage, le même refuge
L’eau, le sel, le feu et l’ombre
Dans cet ordre, imperturbable

Car mes journées sont des îles 
Au milieu de nulle part, encerclées
De tous côtés, des ténèbres font la ronde
Gardes-côtes aimables
Elles attirent, Elles repoussent
En tous sens, nous occupent

Alors, on se dit qu’il nous reste le ciel
Alors, on construit, pour l’espace, un vaisseau

Mais que l'infini est amer 
Et ce vide à l'entour...

Comme si la vie au grand jour, 
Comme si la veille sur la Terre,
Tout ceci n'était qu'une île
n’erreraient hagards 
Que de las naufragés