05 septembre 2017

Porte numéro un



J'ai claqué la porte un peu trop fort. Le geste était souple, me semblait maîtrisé. Mais c'est peut-être du côté de l'amplitude, de l'intention, qu'un certain décalage s'est produit, entre ma volonté de marquer le coup et la violence du bruit résultant. On peut toujours se trouver des excuses. Je pourrais parler de la sensibilité exagéré de certain face aux sons du quotidien, pas toujours bien égalisés ; le quotidien est comme ça, qu'y puis-je, pourrais-je rajouter sans sourciller. Ou mettre en cause toute la chaîne des métiers du bâtiment car, en  y regardant de plus près, toutes ces économies de matériaux, ces chambranles en pins des Landes, ces cloisons en plâtre, ça supporte mal l'assaisonnement hormonal susceptible d'être distillé par tout bonhomme normalement constitué.
Mais les faits sont là, cette porte fut, par mes soins, copieusement claquée. Et un bébé se mit à pleurer, un chien, au loin, à aboyer. Et cette sirène de police, aux frontières de nos horizons sonores, qui me fit douter un instant du bien fondé du hasard, du moins, sous cette forme de pompon magique du béret de marin.
Je me ramifie, c'est peu de le dire… Et toi, tu fais quoi ? Encore en train de sauver le monde ? Tu fais bien.
Moi ? Je regarde monter l'envie. Elle est morne et triste, arrive à coup sûr du fin fond des abysses. Elle se prétend mathématique mais, fait taire les nombres imaginaires. Elle théorise sur tout, sans rêve ni utopie. En fait, comme dirait Denis, le petit dernier de la voisine affamée, elle est à chier.
Alors, avec ce qui me reste d'une folle lucidité en phase terminale, complètement étiolée, je te livre ici mes doutes.
Fallait-il ou ne fallait-il pas la claquer, cette porte ?
Faire tressaillir le papillon universel.

Certain s'oublient sur des paillassons.
D'autres oublient la force de ton sourire.
Le reste oublie qu'ils ont un jour souri.
Moi, je n'oublie rien.

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