01 décembre 2018

Les champs infinis de ses certitudes

Elle est de ces soldats inconscients
Animaux de chair molle et de fer
Pilotes aux bulldozers souriants
Guerriers sauvages en promenades ravies

Et, ses pas nonchalants, son allure décidée
Ont produit une terre rêche aux allures désolées
Sur l'antique Amazonie où nous avions élevés
Nos désirs inextricables au niveau des futaies

Dans sa poussière logique et affamée
J’erre alors nu sous l'acide averse
Saoul lascif aux folies inversées
Tes fourmis affairées en fœtus me bercent
 
Les plaines dorénavant tremblent sous ses coups intensifs
Elle sème en monoculture ses rations de fruits experts
Ses armes rouillées en rangées quotidiennes
À perte de vue, des lignes stériles
Les champs infinis de ses certitudes

22 novembre 2018

Au nez et à la barbe

Jeu d'écriture sur Babelio

Au nez et à la barbe


Le jour, je le fuis.
Et, la nuit, je n'y suis pour personne.

Autant dire que, une seule vie, ce ne sera pas vraiment suffisant. Pour accomplir ce que d'aucun appellent un destin, je me suis faufilé, à plus d'un poil, à côté, au nez et à la barbe de tout bonheur durable, de toute réussite.

Ce constat se tempère car, ici, rien ne me rase. Un bon fauteuil, une bonne connexion et, je m'épate des informations déversées par giga octets, dans ma rétine et mes tympans. C'est plus que suffisant.

J'aurais pu maudire, jalouser, les vedettes, entreprenantes et laborieuses. Mais, sans moi, pas de lauriers, pas d'auditoire, pas de zéros accumulés, dans la pudeur des banques, stockés. Qu'ils oublient, ou pas, ce qu'ils me doivent, je tiens les comptes, je garde en mes mémoires mortes, les sommes de leurs aléas.
Et, je partage. Et, je sens, que nous, les nus, sommes légions.

Lorsque l'un part, d'un dernier râle, il me raconte ; ses échecs successifs, le vide sur l'étagère des trophées évanouis, morts-nés, le fantôme de l'amour, couché à ses côtés. Ses doigts se crispent à mon bras. Je souris. J'ai encore trouvé un frère. Nous qui n'avons rien produit, les mains brûlées d'applaudir, la fesse lasse d'être assise, toujours trop surpris par la violence du rideau tombé, lorsqu'il devient limpide qu'il se fait tard, très tard, beaucoup trop tard.

Nous étions, au froid de pierre des radiateur, bien cachés. Au fond des placards, étouffés.
Mais, au nez et à la barbe de la vie, sans rire, nous sommes bien passés.

- En clair, tu ne veux pas te raser ?
- Voilà
- Et, tu pouvais pas le dire simplement ?
- Non.
- Ça me fatigue, ce besoin que t'as de toujours en faire des caisses...
- J'en fais pas des caisses
- Si, quand même. Tu nous rejoues cette comédie chaque fois à l'identique. Dés que je te demande de te raser pour sortir, tu fais sonner les violons .
- Mais, c'est quoi, enfin, ton problèmes avec mes poils ?
- Je sais pas, qu'on n'ait pas l'impression que tu te laisses complètement aller, par exemple ?
- Oh, le vieux cliché. Tu sais que c'est beaucoup d'entretien, pour en arriver là ?
- Toute cette énergie, pour qu'au final, ça ne se voit pas, super !
- Attends, y'a que toi qui ne voit pas. Toute personne, un tant soit peu portée sur les soins esthétiques, elle le remarque direct.
- Là... Tu veux dire que t'es à la mode ?
- Trop. Enfin, ça a été récupéré, comme look. C'était plutôt ironique, à la base. Une contre-mode, tu vois ?
- Ah ! Ça, je vois bien.
- C'est pareil avec les tatouages.
- Oui, je sais. Mais me refais pas l'historique de nos dérives sous cutanée, on n'a pas le temps, là.
- Hé ! Mais, c'est toi qui me veux imberbe. Déjà, rien que le nom, ça calme.
- J'aurais pu dire "glabre", si tu préfères !
- Beurk !
- Oui hein ! Hé hé !
- Bon, tu vois, nous sommes d'accord.
- T'as encore réussi à m'embrouiller, je rêve…
- Mais, c'est la nature, le poil. Tu devrais plutôt te demander d'où vient ce refus de la pilosité ? Refus de vieillir, refus de son côté animal, soumission aux masses mainstream autant que rasées ?
- Heu, tu te plains pas trop de ma coupe pubienne, si je me rappelle bien ?
- Tu connais l'histoire du gars, au resto, qui trouve un cheveu dans ses pâtes ?
- Oh, t'es lourd !
- Pardon. Bon, j'avoue que c'est une très bonne question. À laquelle je n'ai d'ailleurs pas de réponse. Ne te gène donc pas pour m'éclairer ?
- Je crois que c'est toute l'ambivalence de l'humanité. Terrorisés par la peur de mourir, nous essayons de maintenir notre intimité immaculée, comme pour repousser l'échéance, tromper la faucheuse avec une chatte de gamine. Mais, dans le même temps, la mort est aussi matérialisée par une possible attaque extérieure ; du coup, avoir l'air le plus sauvage possible pourrait faire rempart ? Nous sommes tout doux à l'intérieur et piquants à l'extérieur, tu vois ?
- Y'a des questions qu'on regrette en plein milieu de les poser.
- Ha ha ! Tu vois, moi aussi, je peux en faire des tartines.
- C'est pour ça que je t'aime !
- Hé ! Trop mimi, tu me l'avais jamais dit.
- Heu… Je…
- Oui, parfois, ça sort sans qu'on s'y attende, c'est comme les poils !
- C'est ça ! Les poils, c'est un peu mon super pouvoir. C'est des petits bouts de moi, des soldats troncs, parés pour repousser l'envahisseur et pour séduire ses concubines.
- Là, on dirait plutôt que ce sont eux, les envahisseurs. Et, qu'ils ont définitivement gagné la bataille !
- Hey ! C'est flippant. Ne parle pas d'eux comme ça. Tu vas les traumatiser.
- C'est toi, le flippant. J'aimais bien, moi, ta barbe de trois jours. Et puis, là, whaou, ils sont loin… Rendez-moi mes trois jours !
- Ah ! Ça, c'est sûr, les plus grands barbus ont tous commencés par être mal rasés, à un moment donné.
- Non, mais là, avoue que c'est plus de l'ordre du garde manger que de l’accessoire de mode !
- Avec un peu d'attention, on peut très bien manger proprement, tu sais.
- Ben, j'attends de voir. Faudra que t'essaies !
- Hé ! T'es méchante. Je suis hyper propre.
- C'est vrai que tu fais des efforts. Mais, on va aussi rarement se faire un burger, avoue.
- Ah, faut être malin et minimiser les soucis. Je suis pas fou non plus !
- J'ai une idée ; comme cette touffe est venue petit à petit. On pourrait tenter d'y aller petit à petit dans la coupe ?
- C'est vrai que si ça peut nous éviter ces discussions à n'en plus finir, je crois que je vais valider l'option.
- Yes !
- Ben, il t'en faut peu pour être heureuse. Mais, du coup, on ne saura jamais le pourquoi du comment ?
- Une chose est sûre, on a un problème pour s'accepter tel qu'on est. Faut toujours qu'on bidouille des trucs toujours plus insensés les uns que les autres !
- Vrai. Tiens, on n'a pas causé des poils sous les bras ?
- Trop. Les jours où ça m'irrite, je me demande si je suis pas un peu conne.
- Surtout que c'est pas une question d'hygiène.
- Ben, non. Je sais pas d'où ça vient ? J'ai commencé à la puberté, pour faire comme les copines. Et, depuis, j'ai jamais arrêté. C'est devenu une évidence esthétique.
- Heureusement que t'as pas fait pareil avec la clope !
- Clair. Ça, j'ai arrêté. Comme les copines.
- En fait, vous faites toutes pareil ?
- Mais, sérieux, tu te foutrais pas de ma gueule, si j'avais des poils sous les bras ?
- T'as trop la confiance, toi ! Que tu les rases ou pas, virtuellement, t'en as ! Y'a qu'à toi que tu veux faire croire l'inverse.
- Curieux, hein, on fait comme tout le monde en rêvant de ne pas être comme tout le monde ?
- On est con.
- On est con !

16 septembre 2018

Nous ne sommes pas d'ici


Nous ne sommes pas d'ici.
En lisant ce récit de voyage à travers les Balkans, je vois bien qu'il s'agit tout simplement de vivre. Le monde, sa beauté, ses habitants, leurs sales manies, leurs beaux-arts, leur hospitalité, leur raideur, tout se passe devant le spectateur, le passant, la mémoire du temps. Le juste moment où l'on bascule du minimum vital vers le superflu, le point d'équilibre impossible, le mythe vivifiant, l'oxygène. Après, je suis mort.
Eux, danseurs, équilibristes, instables ou moins que rien, eux sont vivant, de force, mais pleinement vivant.
Ma maison, havre de paix, si tu la trouves, d'une allumette fais en un feu. Tu me devras une nuit de lumière, je te devrais la vie. J'avais les mains liées, l'obligation de faire attention à toutes ces affaires accumulées qui n'avaient que moi comme soutien. Mes journées se remplissaient doucement, de médicament en contre médicament. C'est le devoir impérieux de se maintenir en mort.
Rien n'est à moi. Je suis responsable de toutes ces choses, de leur propreté, des poils qui poussent, des taches, des rencontres à venir. Ensemble, nous avons creusé un foyer. Seul, j'y ai versé dessus tous mes espoirs. Et mon lit est un sarcophage. Il m'avale, malgré mes rêves et reste comme une empreinte, un élastique plus solide que le fer de nos volontés. J'y retourne tous les soirs. Sa présence me rassure de ses brumes nocturnes.
Je m'habille de peurs de perdre. Et je perds la peur d'être, de suinter par les fins filets de sang gluant, invisibles autant que la pente où je glisse.
Il faut dire que j'en ai des outils, des matières à penser, des trucs mal établis à réparer. Et elle qui me pince, jours et nuit, par veille ou sommeil. Je peux me mettre sur la pointe des pieds, pour voir au dessus de moi-même si je trouve une piste, un totem. Derrière la forêt de signes, sûrement tu te demandes pourquoi je traîne ? Ce ne sont que des bouts de tôle, une géométrie arrachée à sa simplicité, phagocytée par l'univers. Un labyrinthe.
Depuis, je suis le plus grand des voyageurs immobiles.
Je ne suis plus d'ici...

13 juillet 2018

L'éternité du vacancier

installation de Camille Benbournane
De dure lutte, nous les avions eues, les meilleures places.
Et le monde entier nous les enviait, ces meilleures places.
Et, le monde entier le tentait, ce tout pour le tout, trop souvent à mon goût, qui nous jetterait, de nuit, hors de nos rêves bénis, cétacés échoués au pieds du lit. Le moment d'inattention pour nous évincer, nous spolier, nous détrôner, qu'il n'arrive jamais.
Mais, en plein jour, n'irradiait que la fierté d'être, seuls entre nous, dans un face à face gorgé d'intimité avec un horizon pacifié, amadoué ; notre horizon de compagnie.
Chacun, aligné côte à côte, sur nos chaises longues estivales, héritiers avec vue sur mer. Au plus près du doux clapotis des vagues agonisantes, offertes comme de parfaites piña colada rafraîchissantes.

C'était pour notre plaisir, qu'il nous fallait les plus belles plages, les sables les plus fins. Avec lequel, pourtant, nous n'aurions d'autre contact que visuel. Rien d'étranger pour nous toucher. Nos peaux d'ambre sacrées, nos propriétés privées, et des tonnes de produits manufacturés. Protégés derrières nos murs renforcés de ronces d'acier galvanisé, sous l'œil perçant de réseaux numériques connectés.

Nos corps, pour dire vrai, seuls les rayons du soleil et quelques mains huilées s'y posaient.
Nous vivions allongés. Depuis nos trônes horizontaux, numérotés, nous n'attendons plus rien, que l'oubli.
Nous sommes les éternels touristes, éternels vacanciers, éternels spectateurs.
Nous sommes les plus gros consommateurs dévoreurs de mondes.
Souverains d'un été qui n'en finira jamais.

Car, toute fin serait terrible, comme une confirmation qu'elle s'approche, en vérité, cette improbable mort annoncée. Cette mort déplacée, pour qui est tendrement alangui, pour toujours engourdi du spectacle inouï d'une nature maîtrisée, soumise au moindre de nos souhaits.

Et tout devait se passer ainsi, le temps figé, les astres à jamais renouvelés. Et cet océan infini, capable de digérer l'ensemble, sans cesse renouvelé, de nos créations trop vite obsolètes, de toutes nos peines, pour nous les retourner, digérées, sous forme de distraction lumineuse, de paix totalement contrôlée.

Un grain de sable a dû s'en mêler. Nous regardions ailleurs, déconcentrés, hypnotisés par telle ou telle réalité augmentée. Et, chaque matin, insidieuse, la mer, gavée de nos déchets, vomissait à nos pieds quelques-unes de nos souillures. Nous regardions ailleurs, un sein ou deux, ou des épaules bien musclées ?
Nous cachions, sous d'épaisses couches de linge, quelque amour exclusif.

Jusqu'au jour où nous ne vîmes plus rien.

Depuis des années, des siècles, lentement, l'invasion avait commencée. Et les cris du monde n'étaient ni des cris de haine, ni d'envie, ni de mépris. C'était des cris désespérés de ne pouvoir nous réveiller.
Une alarme de chair humaine, contre l'avalanche milles fois prédite, contre l'avancée inexorable de nos objets, anciens esclaves, périmés, oubliés ou en passe de l'être.

Qu'ils rampent abandonnés à nos pieds, c'était une chose acceptée. Mais leur armée était prête et l'heure avait sonnée. Nous, en première ligne, face à la côte, recouvert d'un sale bonheur blanchi au sel, de la tête aux pieds, furent les premiers à tomber. Ensevelis sous des tonnes de rebuts que la marée dégueulait, immobilisés, à moitié étouffés.
De nous, plus rien, nous sommes les disparus.
Sous nos transats, nos chaises longues, on ne se ressemble plus. Humains perdus, oubliés des Dieux, des Arts, au milieu du silence, nous nous sommes tus.

Et toi, tu voulais nous exposer ?

Mais leurs yeux sont saturés.

Ils veulent des paroles, des cris qui les réveillent ?

Ils les ont eues et ne les ont pas entendues.

Ta tâche ici est accomplie.

Que vas-tu faire de ton été ?

28 mai 2018

À ses révoltes douces et déterminées

À ses révoltes douces et déterminées
Ses victoires évidentes et lumineuses
Ses champs de batailles aux printemps cléments
Berceaux naturels où fleurissent
Nos espoirs à venir

Nous étions enfin immenses
Un genou à terre et la nuque offerte
Un silence végétal nous poussait
Vers la pente éternelle d’un chemin retrouvé

Elle savait juguler le bitume et la haine
De nos enfants chéris à l’amour mutilé
Alors, pour un baiser, une épaule frôlée
Nos bouches gâtées renaissaient

Les avons nous rêvées, ces armées stoppées
Par un rire, un air de musique surannée
J’étais toujours trop loin à ses côtés
Et toujours tout autre et toujours plus près
De moi

16 avril 2018

Mon âme zone

Invivant, je préfère flotter, tout laisser filer
Et qu'ainsi à jamais, mon âme zone
Pour au pire l'amuser l'amazone
Au sourire sous l'humus enseveli

Elle et mon âme osent en fausses noces
Mais au final, seule, elle danse
Et ses pas se passent de tout
Ses os, sa peau soumis au tambour

Je m'étonne, alors, me cache,  affolé et aphone
De terres saintes en sales repères déserts
Saoul d'une Foi dont elle se fout
Je prends l'air d'une fille perdue en hiver

Lumineux, parfois, quand ses flammes dans la nuit
M'agrippent par quelques souvenirs
Lèchent ma folie au sein de ses cendres
Défoncent enfin ma soif de suif

Reste une neige sombre avalée des vallées
Que le jour cherche à oublier
Mon corps de cire sans une mèche
Mâche le silence et le reste

Mon âme zone entre deux eaux
Entre deux airs préfère se taire
Soustraite à son épaule habile
Mon âme zone pour une amazone

Rappelle tes flèches savantes, retourne le sablier
Vide ma gorge du quartz, du grès
Je me suis pris pour le fils aîné
Emporté par le mascaret

05 avril 2018

Mille et un jours et autant de cris

Je le croyais mort et n'y pensais plus trop
Rangé qu'il était entre des pages oubliées
Fils des années passées, opaque métal brossé
Souvenir de livres fermés, sur lui, ses frères, ses armées

Et voilà qu'il m'appelle comme nul cadavre ne l'a jamais fait
Sa main levée me salue de loin
Et je m'étonne que les brumes où il erre
Remuent autant mes entrailles
Resserrent si fort mes artères

Qu'il l'ait souhaité ou non
Ce maudit petit merdeu
A ce jours encore m'étouffe
Et son sourire n'est que souffre et plaie

Je n'ai trouvé que la sécheresse
Pour transformer sillons en falaises
Pour m'isoler en ces terres
Cimetière pour lui et ses frères

C'est que, tous ceux que, jours après jours, je fus
Les enterrés vivant, noyés dans mon sang
Mes boules de nerfs, roulées dans mes chairs
Hurlent en choeur vers cette âme
Faible bâtisse faite de fins pilotis
Vie qui vacille à en vomir

Alors, vous tairez vous enfin, bandes d'inutiles
Enfants perdus aux champs stériles
Que je brûle et bétonne pour la gloire
De cette vitesse qui seule m'apaise

Mais comment pourriez-vous décemment me quitter ?
Couches strates cendres fossiles de moi
J'ai hurlé pour ne plus en parler
J'apprends maintenant à doucement vous chanter

12 mars 2018

La salle de classe






Ne serions-nous tous, pas plus
Que de sales gamins, des acteurs malins
Ou des Morts-Vivants apprêtés coincés dans des costumes


A l'école on rêve des cris des chattes dans la brume
Du bruit des griffes des loups sur les nuques
Et ça nous soulève


Quand on s'assoit, qu'on s'aligne
C'est pour avaler des gamelles de couleuvres livides
C'est pour passer, de l'hivers au printemps, à boire du vide


Au tableau, c'est la guerre des roches
Tous les jours, des petits criss de cailloux moches
Invoquent des merveilles un peu poches


Dehors la cour n'est pleine que de ton souvenir
Les joues cramées tu pointais sous ton pull dans un sourire
J'en oubliais de mourir


Et il faut croire ou tricher
A ce qui dans le marbre est gravé
Ici l'oubli bien trop pur se deal dilué, à la récré


Une ombre au bureau vomit par vagues
Des ondes très sûre d’elle, je crois
Mais ces ondes, moi, je ne les comprends pas


J’aimerais mieux descendre dans la cour
Quitter la salle de classe du 2ème étage
Et dans un calme étrange, glisser sur les rampes


Saluer d'un regard discret, ces platanes
A qui l’on ne parlait plus, on s'en cachait
Ceux qu'on esquintait pour l'éternité du bout d’une lame


Dehors la cour n'est pleine que de ton souvenir
Les joues cramées tu pointais sous ton pull dans un sourire
J'en oubliais de mourir

08 janvier 2018

Ne me regardez pas v2

version sonorisée :



Ne me regardez pas
Je n'ai pour vous aucune lumière
Ne me regardez pas
En berne aux bras ballants
Je broie difficilement
En soumis saoulé de brouillards, je supplie ou je mens
Ne me regardez pas

Laissez assis vos corps bizarres
Goûtez à la joie dans vos placards
Trois banderilles, un corbillard
Je remets mes visites à plus tard

Belle acharnée, elle se lézarde
Elle part vomir dans mes costards
Quelques affaires sales et sans fard
Quelques démons téteur de lard

Fermez les portes et les frontières
Gueules inconnues des bords de mer
Fronts allongés, tendus, amers
Gosses avalant leurs premières bières
Rois du monde devant et vous derrière
Rêve peu de père, surtout de mère
Revois tes classiques pour faire le fier
Faudrait plus qu'un ticket pour l'enfer

Alors, quand l'hormone acidulée coule enfin de mes lèvres
Je m'échine à faire l'homme, fier et fort, à faire mine
Et de ma bouche sortent une à une des colonnes de langues
Des foules humides et rampantes, informe de glue et de bave
C'est une armée avide qui courre désarticulée
Une cohorte ruante paniquée par la poussière
Quand tu rêves chérie, je regarde sous tes croûtes
Et tout ça pourquoi, me demandent ceux qui doutent ?

Survivre un peu, pourléché par un rire
Se faire traiter de con et de vieux  par un sourd pas mal ivre

Ne me regardez pas
Suinter comme un porc saint
Le plus bio des mépris
Ne me regardez pas
Tant d'années à glander
Je n'ai jusqu'ici rien appris